mardi 9 mai 2017

Aurélien TEDESCO, Dessinateur industriel pour Safran Aircraft Engines

Aurélien Tedesco
IUT de Cachan GMP promo 2009
Dessinateur industriel pour Safran Aircraft Engines

J’ai quitté l’IUT en septembre 2010, avec en poche un DUT GMP et une licence professionnelle Industrialisation des Nouveaux Produits.
J’ai tout d’abord accepté un contrat type CDI C (à éviter absolument) dans une entreprise prestataire bureau d’études. Durant un an, je me suis retrouvé à faire toutes les taches rébarbatives d’un BE supports moteurs chez PSA. Les clients savaient à cette époque que les prestataires cherchaient la moindre mission, et les recruteurs de ces entreprises en jouaient. J’ai eu droit à la phrase « si tu n’es pas content tu peux te casser, on en a 10 qui attendent ta place ».

Puis j’ai été envoyé dans un client parapétrolier à Clamart, où le travail était nettement plus intéressant. Directement intégré à l'équipe projet, j’avais pour rôle concevoir, dessiner et mettre en base de données des systèmes de liaison de données sans fil de la partie souterraine de l’installation de pompage (ce que nous appelons la complétion). Mais je devais aussi concevoir les systèmes d’essai, de transport et certains systèmes de remplissage en résine.
L’un des gros points forts de cette mission a été le côté « prototype » et « savant fou ». En effet, rien n’était figé et nous itérions sur les solutions, les procédés, les matériaux. Je me suis donc retrouvé dans l’atelier à faire les montages moi-même, et à procéder à certaines expériences.

En parallèle, j’ai terminé de passer mon brevet de pilote privé. Je l’avais débuté à l’IUT, mais par manque de temps (haaaa, les nuits du BE…..) et de finances, j’ai dû mettre en pause cette aventure.

Depuis mai 2014, je suis dessinateur projeteur au bureau d’études supports en développement chez Safran Aircraft Engines. Mon travail est de concevoir des mesureurs de pression et de température qui viennent se monter dans le flux de la turbomachine (réacteur ou turbopropulseur. Ou hybride comme l’open rotor). Ces pièces viendront corréler ou infirmer les estimations des aérodynamiciens lors de la conception. Les mesures prises servent aussi aux essais de certification des moteurs.

C’est petit et profilé quand même….
Les contraintes sur ces pièces sont nombreuses. Elles doivent prendre la mesure la plus précise possible, tenir des contraintes, notamment de température, élevées, résister à des excitations périodiques. Le tout en ne faussant pas le flux, en étant le plus transparentes possibles. Ces mesureurs doivent aussi s’insérer dans un environnement qui ne les a pas pris en compte (les pauvres…).

L’un des aspects sympa de ce poste est que l’on est en contact avec tout le moteur : le bureau d’étude aéro, les concepteurs de carter, les instrumentistes, et la marque technique, qui coordonne et arbitre tout ce petit monde.
Un autre aspect sympa est que le dessinateur doit aussi parfois aller au banc d’essai surveiller le comportement vibratoire de son mesureur pendant la campagne. D’ici quelques mois je dois aller à Istres surveiller mes mesureurs montés sur le démonstrateur open rotor.
Enfin, les moyens d’un grand groupe sont un plus pour l’innovation. Faire des prototypes en stéréolythographie, ou même en fusion laser, juste pour vérifier la facilité d’instrumentation, n’est pas un problème. 

En parallèle, j’ai continué de piloter pour le plaisir, et passé une qualification voltige. De plus, ça m’a permis de garder des liens avec le professeur de l’IUT qui m’avait le plus mis dehors de ses cours !! Comme quoi les relations changent !

Cette passion m’a tellement marqué que je suis en train de passer mon brevet de pilote de ligne, afin de faire de ce loisir un métier. Mais tout en restant dessinateur, afin d’avoir une porte de sortie.





L’IUT a été très bénéfique pour moi, et ce sur plusieurs points :
- Les cours de BE et de chaîne numérique sont très bien construits et donnent très vite une bonne façon de faire.
- Les cours de cotation (notamment la méthode CLIC) sont un plus qui vous permettent vite d’être au-dessus du lot.
- L’image en général de l’IUT. Le mot Cachan sur votre CV vous fait marquer quelques points. Ce n’est pas pour rien que cet IUT est le premier de France dans sa catégorie, et ce depuis des années. Les recruteurs de savent.
- Le stage de fin d’étude. Mon professeur de Comm, monsieur Papin, a réussi à me faire embarquer pendant 10 semaines sur une Frégate de la Marine Nationale. J’ai passé durant ce stage 5 semaines à chasser le sous-marin et à jouer le traficant de drogue avec une frégate espagnole. Souvenir indélébile.
- Aussi, l’ambiance. Les Cachanais sont une grande famille, ou la bonne humeur et l’entraide sont les maîtres mots. On ne s’oublie pas, on n’oublie pas les heures passées ensemble. Et c’est avec de la nostalgie qu’on repasse devant ces bâtiments. Et on affine des relations auparavant un poil conflictuelles (n’est-ce pas Matthieu ??).

Ne lâchez rien, gardez le moral. Les profs sont parmi les meilleurs dans leur domaine. Leurs phrases et cours resteront dans vos mémoires (c’est depuis l’IUT que je sais que le Kangoo a un très bon Cx (faut pas exagérer quand même, note du prof), et que c’est le pognon qui fait voler les avions).

Et surtout, profitez à fond de ces deux années. C’est VOTRE cocon. Vous regretterez de le quitter.